Les méthodes de prévention peuvent être utilisées, pour appréhender au mieux les changements en cours du monde du travail. Nous allons donc d’abord commencer par analyser les facteurs techniques à l’origine de ces changements.
Les facteurs techniques
Les évolutions technologiques avec les NTIC, l’IA et l’impression 3D, ont complètement bouleversées l’environnement de travail. Nous ne pouvons pas considérer aujourd’hui que cela ait entraîné des changements dans la façon de l’appréhender, comme au 20ème siècle la machine-outil a pu être à l’origine de la Taylorisation.
Les NTIC permettent d’être en contact permanent, quelque-soit sa localisation, et pourtant les entreprises continuent d’imposer des plages horaires de travail, de fixer des conditions au télétravail et de chercher des règles pour réguler ses propres abus avec le droit à la déconnexion. Les nouvelles technologies permettraient, pour beaucoup d’emplois, de simplement avoir un regard sur l’activité du salarié avec un outil déclaratif des temps passés et des missions effectuées. Ce changement permettrait d’accroître l’autonomie, de faciliter la conciliation des vies et de mesurer la charge de travail et non le temps de travail. Il ne serait donc plus question de valoriser inutilement le présentéisme. Cela nécessiterait une refonte totale du code du travail, plutôt que des aménagements à la marge, qu’il faudrait engager aujourd’hui.
Même si nous devons, comme pour toute nouvelle technologie, rester en veille, l’inquiétude actuelle de beaucoup à l’égard de l’IA est injustifiée. L’IA permet d’exécuter des tâches et donc de rendre le travail moins rébarbatif et répétitif. Henri KISSINGER disait dans une récente interview : « le monde digital valorise la vitesse au détriment de la réflexion ». C’est donc à nous, les Hommes, de veiller à conserver cet avantage majeur qu’est notre capacité de réflexion.
Pour s’en convaincre, il suffit de voir l’apport de l’IA dans l’imagerie médicale. Ainsi un laboratoire de Houston a conçu un logiciel qui a détecté un cancer 30 fois plus rapidement que des médecins sur un échantillon de 500 mammographies avec une précision de 99%. La technologie permet ainsi de détecter plus vite, de limiter le risque d’erreur et donc les coûts indus des biopsies de contrôle. Elle permet surtout au radiologue de se concentrer sur l’analyse des cas délicats plutôt que d’avoir une obligation de productivité.
De même la progression de l’impression 3D ou fabrication addictive, va permettre de révolutionner nos industries. Ainsi l’US AIR FORCE l’utilise pour réduire ses délais, ses contraintes et son empreinte carbone pour son activité de maintenance. En effet, grâce à cette technologie, elle n’a plus qu’à stocker les matériaux nécessaires au lieu de nombreuses pièces.
Dans nos prochains articles, nous examinerons l’impact des changements en cours sur les facteurs humains et organisationnels.
Jacques RONDELEUX